Édition 2024
Architecture en Champagne
20 June 2024
Mettons en lumière nos participants... La parole est à Antoine et Yanis, membres de l'équipe d’Avenay-Val-d’Or, ayant construit la loge Coup de Foudre.
Cette interview a été réalisée à la suite de l'édition 2024.
Antoine : « Je m’appelle Antoine WANG-GENH PARRA. J’ai fait un baccalauréat ES dans un lycée international, où j’ai eu un bac français et espagnol. Par la suite, j’ai commencé les études en architecture à Strasbourg et à présent, je suis à l'ENSA Nancy. »
Yanis : « Moi, c’est Yanis BABA, j’ai 22 ans. J’ai fait un bac ES puis un an de BTS bâtiment. Je suis donc maintenant en quatrième année d’école d’architecture à Nancy. »
AWGP : « En vrai, nous nous sommes motivés tous les deux à participer. Je pense que ce qui, moi, m’a donné le déclic, c’est lorsque j’ai ouvert le PDF et découvert les constructions qui avaient été faites les années précédentes. J’ai été impressionné et cela m’a vraiment donné envie de construire. J’avais entendu parler de l’événement auparavant, mais c’est seulement après avoir vu les photos des loges précédentes que j’ai réalisé que c’était une opportunité incroyable de construire des microarchitectures similaires en 12 jours. Ce sont vraiment les images qui m’ont fait prendre la décision.»
YB : « Moi, je dirais que ce qui m’a aussi donné envie de participer, c’est les rencontres professionnelles et le fait de pouvoir travailler avec des architectes. En effet, je reviens d’un Erasmus à Milan, durant lequel j’ai fait beaucoup de rencontres. Je voulais ainsi continuer ce processus de découvertes et de rencontres. Je dirais que c’est tout simplement de la curiosité. Ce terme me motive pour tout ce que j’entreprends et notamment pour ce workshop. Lorsque j’en ai discuté avec Antoine et qu’il m’a expliqué ce que nous pouvions faire lors du workshop, cela n’a que renforcé mon envie de venir. »
AWGP : « Je ne sais pas si nous avions des rôles. Dans un certain sens, il y avait des rôles précis ; notamment pour notre encadrante Camille LEMEUNIER, mais également pour Aimé qui s’est occupé de toutes les questions d’ingénieur. Pour ce qui est de Yanis, Ombéline, Joanna et moi, je dirais que nous étions un peu tout-terrain, que ce soit pour la construction, la conception, la pratique mais aussi le théorique. »
YB : « Il n’y avait pas du tout de rôles attribués, même par rapport à l’encadrante Camille, nous étions vraiment tous au même niveau, ce qui était vraiment top. Je pense, cependant, qu’il y avait des rôles plus adaptés, en fonction des qualités de chacun et de ce que chacun aime faire aussi. Par exemple, Aimé, qui lui est ingénieur, était plus à l’aise sur la partie plus technique et structurelle où il a pu mettre en avant ses compétences. Antoine, quant à lui, arrivait à tourner les idées de manière poétique. Moi, mon rôle, je dirais que c’était plutôt tout l’aspect détail et logistique, trouver comment concrétiser une idée. Pour la poutre, par exemple, j’ai eu l’idée des tirants qui permettent de la maintenir. »
AWGP : « Je pense que c’est vraiment le contexte. Je pars toujours du contexte, d’où est-ce qu’on se situe, du territoire et d’où est-ce qu’on s’implante. Mes idées découlent de là. Pour notre loge, ce sont vraiment les vues, le paysage et les vignes qui ont permis de dérouler la trame de notre structure. Le contexte du client, ainsi que les matériaux, ici de réemplois, sont aussi très importants. Pour cette loge, nous nous sommes basés sur la poutre et le foudre. »
YB : « En tout cas pour cette loge, ce qui a orienté ma conception, c’était le dialogue avec les vignerons, le fait de parler de tout et de rien. Que ce soit à la fois du site, de leur profession, de ce qu’ils aiment ou encore de l’orientation et de la fonction des vignes. Tous ces petits détails sont un recueil de données qui ouvrent des pistes d’idées. »
YB : « Je pense avoir guidé les autres, mais pas dans le sens d’un leader, mais plutôt dans le sens d’un meneur en quelque sorte, pour nous aider à ne pas perdre le fil. Cela s’est fait naturellement. Je pense que c’est le plus gros élément que j’ai apporté au projet. »
AWGP : « Je pense avoir plutôt contribué à la bonne ambiance de l’équipe. J’ai toujours essayé de discuter avec chacun, savoir ce qu’ils pensaient du projet, de leur demander s’ils étaient d’accord et même, de bien intégrer Joanna (étudiante Polonaise) avec l’anglais. Contrairement à Yanis, qui était plutôt dans le côté meneur, moi, c’était surtout au niveau de l’intégration. J’ai tenté de rendre l’équipe soudée, qu’on rigole, qu’on apporte tous sa pâte au projet. C’est important pour moi d’instaurer une bonne ambiance d’équipe, qu’on puisse tous être libre de dire ce qu’on pense sans subir une pression. »
YB : « Pour le coup, nous avions des matériaux qui étaient difficiles à utiliser pour le projet que l’on nous demandait. Ça n’allait pas en termes de conception. Nous avons donc fait le choix de les utiliser de manière plus poétique et esthétique que structurelle. Nous avons organisé notre réflexion sous deux axes : dans un premier temps, en prenant en compte la structure et la façon dont la loge va tenir, en utilisant des matériaux neufs, puis dans un second temps, la manière dont nous allons combiner cette structure avec les matériaux de réemplois. »
AWGP : « En effet, les matériaux que nous avions ne pouvaient pas être utilisés pour la structure. Nous avons alors choisi de construire une structure neuve et de mettre en valeur ces matériaux en jouant sur leur histoire et leur utilisation de base ; que ce soit la poutre qui était une poutre de l’ancien Bâtiment Henriot, le foudre et les douelles qui servaient à stocker du champagne ou encore le limon qui faisait partie du bâtiment. L’objectif était vraiment de raconter quelque chose et de donner une identité à la loge pour qu’elle corresponde bien à l’identité de la Maison Henriot et qu’elle ne puisse être qu’à cet endroit. »
AWGP : « Je n’aime pas trop avoir d'attentes parce que très souvent, c’est lorsque l’on a des attentes qu’on est déçu. Je m’étais donc un peu forcé à ne pas en avoir et ainsi à ne m’attendre à rien pour découvrir toute l’organisation de l’événement et son expérience. De par ce fait, j’ai été extrêmement surpris et satisfait d’Architecture en Champagne. C’est une façon vraiment personnelle de voir les choses. »
YB : « Je suis vraiment d’accord avec Antoine. Étant donné que c’est Antoine qui s’était beaucoup plus renseigné sur le workshop que moi, je pense que j’avais encore moins d’attentes que lui. Cependant, je pense qu’il y avait quand même une volonté de découvertes et de curiosité de ma part. J’avais espoir de rencontrer des gens, de créer des relations. J’avais des attentes plus sur le plan social, plutôt que sur le plan technique ou architectural. »
AWGP : « Yanis me disait, l’autre jour, qu’il avait envie de construire, il avait envie d’être sur le chantier, de faire quelque chose avec ses mains ! Je ne sais pas ce que je veux faire plus tard, mais j’aimerais vraiment implanter le travail à la main, la construction et cette idée vient tout droit du workshop. Avant cela, je n’avais pas forcément cette volonté en tête. »
YB : « Cela ouvre de nouvelles perspectives, c’est sûr ! Je pense que j’ai toujours eu un attrait pour le côté manuel. Aspect que l’on retrouve quand même en école d’architecture de par les maquettes et les dessins à la main. Cependant, en cours, il nous manque, selon moi, le travail de vrais matériaux qui servent dans la vie de tous les jours. Une maquette avec du carton, c’est bien, mais seulement pour une maquette. Tandis que du bois, cela peut servir à beaucoup de choses. En école d’architecture, nous étudions 3 échelles : celle de la ville, celle du bâtiment et celle des pièces à l’intérieur d’un bâtiment. Je me suis toujours trouvé plus à l’aise avec des petites échelles, chose que nous n’étudions pas beaucoup au cours des 5 années d’études. Cette expérience m’a donc permis de confirmer le fait que la microarchitecture est une échelle qui me convient beaucoup plus. »
AWGP : « Rien qu’un banc peut changer totalement une place ou apporter beaucoup à un endroit. Et c’est cet aspect-là qui m’intéresse beaucoup dans la microarchitecture, c’est cette manière de changer les choses avec un détail ! »
YB : « De manière générale, c’est le cinéma car cela englobe vraiment tout ce qui réunit mes pratiques donc la musique, le dessin, la photo ou encore la vidéo. C’est sûr qu’il y a une grande influence qui est celle de Star Wars. J’ai orienté toute ma scolarité là-dessus, une grande majorité de mes projets ont été inspirés par cet univers. Le graphisme, les effets spéciaux… c’est un peu l’univers qui m’anime beaucoup. Et comme je disais, le cinéma raconte beaucoup de choses, rien qu’à travers la musique. Par exemple, Hans Zimmer est un compositeur que j’aime beaucoup, il arrive par sa musique à exprimer quelque chose qui est assez fort. Quand on écoute de la musique, il y a quelque chose qui se connecte, qui change notre perception des choses, de l’espace et des couleurs. Une musique dans un endroit précis, dans tel film va donner un sentiment particulier à un spectateur. Avec l’espace, c’est la même chose. L’espace permet de donner un sentiment que tu peux retrouver à travers la musique, le dessin et tout cela. »
AWGP : « Je pense que c’est la première fois que je me pose cette question. Je dirais que je n’ai pas forcément d’inspirations à proprement parler. Cependant, je me base beaucoup sur les gens que je côtoie : ma famille, mes amis ou même la société en général. L’être humain m’inspire beaucoup. Je fais en sorte que mes gestes soient bons pour le monde en général. J’ai grandi dans un temple bouddhiste en Alsace. Je pense que cela m’a inculqué des valeurs qui m’inspirent et que j’ai envie de suivre, que ce soit au niveau des relations humaines, des relations avec la nature ou encore de la méditation. Je me pose beaucoup de questions sur le monde en général, c’est presque de la philosophie au final, peut-être que cela m’inspire aussi dans un sens. »
AWGP : « Le cinéma et écouter de la musique. Dès que je fais quelque chose, que je marche, j’ai tout le temps mes écouteurs. Je m’intéresse aussi au sport, au dessin, à la peinture et à la littérature. J’adore découvrir des cultures, je suis très curieux sur cet aspect. Certes, j’en connais quelques-unes, mais je ne les connais pas forcément toutes, c’est pour cela que je veux les découvrir et voyager. Je pense qu’un de mes gros centres d’intérêt, c’est le voyage et pouvoir découvrir le monde pour mieux le connaître. »
YB : « Bon, je l’ai déjà évoqué… Mais ce serait la musique et le cinéma. Pour être plus précis, je m’intéresse surtout aux musiques de films, et pour le cinéma, je dirais tout ce qui renvoie à de la science-fiction. C’est vraiment un univers où on peut s’exprimer sans limite, il n’y a pas de contraintes, à part notre imagination. De la science-fiction découle plein de choses ; à la fois de la représentation que ce soit sur des photos et vidéos ou des dessins à la main, ou encore les perspectives. Il y a toujours une qualité graphique qui me marque, comme des choses très minimalistes, très simples. Mes centres d’intérêts, c’est vraiment cela : le cinéma et la musique. »
AWGP : « Apprentissage, curiosité, construction »
YB : « Relations, découvertes, fabrication »
AWGP : « Champagne, paysage, patrimoine »
YB : « Simplicité, poétique, minimaliste »
Photos : © VIZUALIZ
Auteurs de l'article : Nela FESTA et Emilie OTT